La ville d’Assila est Située sur la côte atlantique, à 40Km environ au sud-ouest de la ville de Tanger. Elle constitue avec Tanger et Sebta un « pont » entre les deux continents africain et européen.
Elle jouit d’un patrimoine architectural riche et constitue un modèle remarquable de tissu urbain traditionnel conservé et réhabilité. Son fort potentiel patrimonial caractérisé par une imposante fortification, classée sur la liste du patrimoine national, ses édifices d’intérêt historique et architectural et ses équipements culturels de premier ordre, jouent un rôle important dans la promotion de son activité touristique et culturel tant au niveau national qu’international notamment pendant la période estivale.
Pendant les trois dernières décennies, la médina d’Assila a bénéficié d’une série d’initiatives à caractère culturel et d’un mouvement prononcé de restauration et de réhabilitation qui ont permis de sauvegarder son patrimoine historique et architectural et de générer des retombées positives certaines sur l’image de la ville toute entière et sur le développement et la promotion de son activité touristique.
Non loin de Zilil, ville antique située à Dchar Jdid à 13 kilomètres au nord-ouest, Assila doit son origine, d'après al-Bakri, fameux géographe arabe du XIème siècle, à un ribat où venait s'installer une garnison, remplacée par la suite des marchés auxquels venaient des immigrants andalous en montant leurs propres tentes.
D'ailleurs, les pièces de monnaies retrouvées prouvent qu'Assila existait déjà depuis le début du IXème siècle. Les Idrissides y avaient construit une enceinte durant la première moitié du IXème siècle. En 933-934, les habitants de la ville, voulant se débarrasser des Idrissides, demandèrent l'aide du calife Abd Al-Rahman III al-Nasir et finirent par remettre la ville entre ses mains.
Au XIIème siècle, Asilah est en pleine décadence, mais à partir du XIVème siècle, la ville et son port jouissent d'un trafic très actif : les Majorquins, les Catalans et les Génois y font du commerce. En 1307, cinq compagnies de Barcelone délèguent des représentants commerciaux à Asilah. Les Génois y possèdent des foundouk. Ils commercialisent le blé et la laine. L'activité commerciale des Génois reste florissante après l'occupation de la ville par les Portugais. Après leur retrait devant le sultan mérinide Abd al-Hak, le wattaside Mohamed al-Cheihk s'y installe et y fonde entre 1465-1471 l'émirat wattaside de Habt jusqu'à l'occupation portugaise.
Le 24 août 1471, sous le règne du roi Alphonse V, les Portugais prennent Asilah. Ils y construisent une place forte, avec un donjon et une vaste enceinte. En août 1550, le roi Jean III la fait évacuer et en 1577, elle est réoccupée par le roi Sébastien afin de préparer l'expédition d'Oued al-Makhazin, en 1578. En 1592, le roi d'Espagne et du Portugal, Philippe II restitue la ville au sultan saadien al-Mansur al-Dahbi.
Au XVIIème siècle, Ghaylan, chef de la résistance au nord-ouest s'installe dès 1652 à Asilah. À partir de ce moment, il organise son mouvement de résistance contre les Portugais, puis contre les Anglais de Tanger et enfin les Espagnols à Larache.
Moulay Ismail, après avoir récupéré la ville des mains des Espagnols en 1691, ordonne à son gouverneur Ahmad Ben Haddou d'y construire une mosquée, une médersa et un hammam et de la repeupler de Rifains.
En 1829, Asilah est attaquée par la flotte autrichienne et de nouveau par les Espagnols en 1860 lors de la guerre de Tétouan.
À partir de 1906, le nom d'Asilah revient au-devant de la scène : Ahmed Raysouni en est le maître avec le soutien de Moulay Abd al-Hafid et est nommé pacha ainsi que gouverneur du Fahs et Anjra et il y édifiera son palais.
S’étendant sur une superficie de 7 hectares, la médina d’Assila est caractérisée par sa remarquable centralité, son aspect homogène et son originalité par rapport à d’autres médinas. Ses principales composantes urbaines sont : les fortifications d’origine islamique et portugaise ( murailles, bastions et portes), les quartiers, les places, les voies et les édifices à caractère domestique et religieux revêtant un intérêt historique et architectural.
La médina d’Assila compte 5 quartiers (hawmat) : quartier al Kissaria, quartier Ben Ayyad, quartier Mgima’ et quartier Krikia. Ses principales artères sont celles qui relient Bab al Homar à Bab al Bhar et à Bab al Kasba et Bab al Bhar à Borj krikia.
Les autres rues s’organisent selon l’orientation nord-est et sud-ouest, en traversant la médina en sa longueur et en sa largeur et desservent les quartiers résidentiels et les rues commerciales.
Sa Kasba, citadelle rectangulaire datant de l’époque portugaise, était jadis une place forte entourée de murailles qui abritait les résidences du gouverneur et du chef de l’armée portugaise. Actuellement, c’est un espace ouvert peu bâti contenant quelques habitations, un équipement culturel de taille (le centre Hassan II des rencontres internationales) et la Grande Mosquée.
Pendant les deux dernières décennies, la médina d’Assila a bénéficié d’une série d’initiatives à caractère culturel et d’un mouvement prononcé de réhabilitation et de rénovation qui ont permis de sauvegarder son patrimoine historique et architectural et de générer des retombées positives certaines sur l’image de la ville toute entière et sur le développement de son activité touristique.
L’enceinte
La construction des premières murailles de la médina aurait été ordonnée par Mousa Ibn Abi Al Afia vers 942-943 ap.jc. Les murailles actuelles sont l’œuvre des portugais qui ont décidé vers 1505, sous les soins de l’architecte Diogo Boytac (1460-1528), de renforcer les défenses de la ville et la transformer en une place de guerre solide et massive après plusieurs attaques administrées par les forces des wattassides.
L’enceinte de la médina, classée comme monument historique le 24 janvier 1996, à la forme d’un parallélogramme irrégulier dont trois côtés donnent sur l’arrière pays et un côté courbé épouse la forme du rivage et son tracé n’a guerre changé depuis la fin du XVème siècle. Elle s’étend sur une longueur de 1200m et sa hauteur varie entre 5 et 7 m. Elle est percée par 5 portes et pourvue de 9 tours et bastions.
Les murailles, du côté terre, étaient entourées d’un fossé sec d’environ 8m de profondeur moyenne, soutenu par des murs de pierre (actuellement l’Avenue Hassan II et la rue Ibn Battouta) qui transposait au fond l’aqueduc et certainement un pont-levis devant la porte de la ville.
Dans les années 80, elle a fait l’objet d’une grande opération de restauration de la part de la municipalité de la ville sous l’égide et le suivi technique des services compétents du Ministère de la Culture.
Les bastions et les tours
Les bastions et les tours de la médina d’Assila ne constituent actuellement que des éléments de repères et de référence pour les habitants après avoir été des structures de défense et de contrôle. Elles ont des formes et des dimensions différentes et percent tous les côtés de l’enceinte.
Un plan de la médina de 1939 laisse apparaître 9 bastions et 3 tours dont la plupart existent encore de nos jours sauf pour Baluarte de Pite Joao (Bastion Petit Jean) qui fût occupé par des habitations et qui se situait entre Bastion de la ville (Borj al-Homer) et Bastion de Santa Cruz (Borj Na’am ou Borj El Kasba) juste derrière l’actuelle Grande Mosquée. Les autres bastions sont : Bastion de la plage (Borj El Kaid el Momtaz), Bastion Antonio da Foncesca (Borj Souk Ahfir), Bastion de Tambalalam (Borj Lalla Rahma), Bastion de la Cuirasse (Borj Krikia), Bastion de Saint François (borj Sidi Mimoun), Bastion de la Patte d’Araignée (Borj école Sidi ali Ben Merzouk).
La tour el Kamra
La plus importante des tours de la médina d’Assila est la tour el Kamra, située au nord de l’enceinte et à côté de Bab Bhar. Par sa hauteur qui s’élève à 17m, ce donjon, appelé par les portugais Torre de Managem, domine la médina, l’arrière-pays et la côte.
Il est le seul élément qui subsiste du château du gouverneur. Ses traits architecturaux renvoient au style de l’architecte Boytac, ce qui remonterait sa construction à 1509. Au lieu d’une fonction militaire, la tour d’El Kamra assurait une fonction publique et cérémoniale : sa grande fenêtre-balcon, tournée vers la place publique, servait pour les apparitions officielles du gouverneur et sa distribution interne, qui dénotait une hiérarchie symbolique, laissait apparaître une prison au niveau du sol, une salle d’audience où le gouverneur recevait et donnait des ordres au nom du Roi et probablement une salle de garde au premier étage. Son bon état de conservation actuel et sa fonction de galerie d’exposition, est dû à une opération de restauration et de mise en valeur réalisée en 1994 par la Fondation portugaise Calouste Gulbenkian.
Les Portes
L’enceinte est percée de 5 portes qui assurent la communication entre le reste de la ville et l’intérieur de la médina. Avant la colonisation espagnole survenue en 1912, elle n’était pourvue que de deux portes : Bab el Bhar (porte de la mer), située dans le rempart nord au pied de la tour al Kamra et connue au temps des portugais par Porta Riviera et Bab el Homar ou la Porta da Vila portugaise, percée dans le rempart est de l’enceinte. Bab al Kasba a été ouverte en 1920 dans la partie nord de l’enceinte par l’administration espagnole pour permettre l’accès mécanique à l’intérieur de la médina et créer la liaison directe avec le quartier espagnole. Les deux autres portes, beaucoup plus récentes, sont Bab es-Souk, ouverte dans le rempart est au nord de Bab el Homar, et Bab Krikia percée dans le rempart sud.
Porte-bastion el-Homar
L’ancienne “Porta e Baluarte da Vila” de l’époque portugaise est une porte-bastion qui perce le rempart sud de la médina et constitue l’un des plus anciens et célèbres édifices fortifiés d’Assila. Elle forme un avant corps par rapport au niveau de la courtine et une baie d’entrée au milieu d’une tour tronco-cylindrique. L’entrée comporte deux arcs surbaissés édifiés en pierre de taille et sa surface est décorée par un médaillon portugais de forme rectangulaire qui représente le roi Alfonso V. Le couloir intérieur en coude, aujourd’hui à ciel ouvert, possédait jadis un étage en plancher ou en voûte formant un abri couvert, casemate, où se trouvaient deux gros canons qui assuraient la défense de la partie sud de la ville.
Le Centre Hassan II des Rencontres Internationales
Cet édifice, situé dans la Kasba, en face de la Grande mosquée, fût construit en 1986 sur les décombres d’un bâtiment délabré qui servait jadis, comme caserne à l’armée d’occupation espagnole. A l’époque portugaise, son emplacement abritait le château du gouverneur dont il ne reste aujourd’hui que l’imposant donjon (Borj al Kamra) qui se dresse à l’angle nord-ouest de la Kasba.
Le centre Hassan II, dont l’architecture est bien intégrée dans le tissu ancien de la médina, est un bâtiment composé d’un corps central couvert d’un toit pyramidal, entouré de galeries destinées aux expositions artistiques et d’une salle polyvalente, munie d’un pavillon de traduction simultanée, réservée aux rencontres et aux activités culturelles.
Le palais Raissouni
C’est une demeure luxueuse de style traditionnelle située dans la partie ouest de la médina. Elle fût construite, comme son nom l’indique, par le chérif Raissouni en 1906 lorsqu’il fût nommé pacha de la ville d’Assila. Elle est composée d’une partie résidentielle en deux niveaux avec des dépendances et un jardin.
En 1998, le palais Raissouni a subi une opération de restauration et de réhabilitation dont le financement a été assuré par le prince saoudien Bandar Ibn Soltan. Ce projet a permis de sauvegarder la configuration spatiale traditionnelle du palais et de valoriser ses particularités architecturales originales.
Actuellement il abrite un complexe culturel composé d’un logement d’artistes, d’ateliers d’art plastique et de sculpture, d’espace d’activités culturelles et artistique et d’une maison d’hôte, au niveau du premier étage, réservée aux invités d’honneur de la ville. Le bâtiment sert également de siège à l’université estivale al Moutamid Ibn Abbad qui y organise ses rencontres et ses débats culturels à l’occasion du festival annuel d’Assila.
Le Plan d’Aménagement et de Sauvegarde de la Médina d’Assilah, homologué le 15 Septembre 2009, a pour objectif principal de proposer aux acteurs institutionnels et aux services concernés un outil technique comportant un plan structuré d’actions visant à développer la médina en tant que pôle culturel et économique. Il est formalisé dans trois types de documents :
En application des orientations royales concernant la sauvegarde de l’héritage culturel des médinas marocaines et dans le but de préserver le patrimoine architectural de la médina de d'Assila, de valoriser son potentiel patrimonial, de réorganiser ses activités économiques et promouvoir ses attractivité touristiques, la wilaya de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima l'Agence Urbaine de Tanger en collaboration avec les différents départements concernés ont élaboré un programme de réhabilitation et de valorisation de ce tissu historique qui se compose de 4 axes principaux :
L’histoire de la ville de Tanger, comme terre d’accueil, a été marquée par la présence successive de plusieurs courants civilisationels et culturels, apportés par les flux de populations de nationalités diverses (portugaise, espagnole, italienne, française, anglaise et américaine).
La production architecturale, comme reflet des différentes époques succédées, traduit la diversité et la richesse des styles de pensées et de consommation de l’espace prévalant à chacune de ces étapes de l’histoire de la cité tangéroise, comme en témoignent encore certains édifices situés dans les secteurs extra-muros de la ville.
Or, sous l’effet de l’urbanisation accrue et de la densification soutenue des secteurs en question, force est de constater qu’une partie non négligeable de ces bâtiments se trouve actuellement menacée par les tentations de spéculation, cherchant la rente dans la valeur du support foncier de la bâtisse, plutôt que dans sa valeur patrimoniale et historique.
En outre, il est connu qu’à Tanger, seuls quelques monuments sont protégés légalement, par effet d’inscription ou de classement. Autant de facteurs rendent ainsi d’actualité la généralisation des mesures conservatoires à d’autres composantes monumentales dont notamment les immeubles d’intérêt patrimonial et architectural de la zone extra-muros, témoins de l’architecture de la deuxième moitié du 19ème et du début du 20ème siècle.
L’histoire urbaine de Tanger depuis le XIX éme siècle est étroitement liée à son statut de capitale diplomatique.
En effet, les représentants consulaires des pays étrangers, installés dans le périmètre intra-muros de la médina, et la classe sociale commerçante et bourgeoise, attirée par la vitalité commerciale de la ville, ont édifié des constructions caractérisées par une typologie architecturale et décorative européenne. Ainsi, à partir de 1880, la médina de Tanger va subir une série d’interventions architectoniques de style variées qui vont certainement transformer l’allure générale de certaines rues et modifier une partie de son cachet traditionnel, mais qui vont également marquer, à jamais, son cosmopolitisme qui constitue sa richesse et sa particularité (ces transformations vont motiver la création en 1883-1884 par Dr Cenarro de la commission d’hygiène et de voirie qui fût le premier organisme international chargé des questions urbanistiques à Tanger ).
L’exemple éloquent de cette européanisation est le petit Socco (Souk Dakhel) , qui a constitué par ses banques et ses cafés un véritable centre d’affaires et de commerce de niveau international.
C’est au sud de la médina, dans les quartiers Beni Idder et Oued Aherdane, où sont concentrées les constructions de style européen. Ce style est caractérisé par de grands immeubles en deux ou trois étages, avec des façades composées de balcons à portes-fenêtres et à garde-corps en ferronnerie et bois ajouré (style espagnol) et des façades dotées de chapiteaux, aux angles des murs, de corniche et d’étage attique (style français). Les exemples de façades de style mixte, arabo- islamique et européen ou « hispano-mauresque » sont aussi présents notamment le long de la rue Siaghine.
A la fin du XIXème siècle, l'apparition de la ville extra-muros se fait pleinement sentir devant le manque d'espace intra-muros et face aux nécessités grandissantes de commerce et d’habitation.
La première extension extra-muros se fait le long des murailles à travers des quartier ou des ensembles architecturaux de style européen qui forment une ceinture urbaine tout autour de la médina , (bâtiments de la rue d’Italie, de la rue de Tétouan, de la rue Sallah Din al Ayoubi etc,….) ou à travers des édifices individuels remarquables (Hôtel Continental, hôtel Villa de France bâtis respectivement en 1860 et 1861). Au même temps, le plateau de Marchan, et le promontoire de Jbel kbir, à l'ouest de la ville, connaissent une urbanisation parallèle sous forme de résidences, de propriétés luxeuses et d'institutions d'importance (villa Mokri, palais Tazi, palais Forbes etc…)
Le développement urbain au Sud et au Sud-est de la médina s'opère, au premier lieu, par la réalisation d'un certain nombre d’édifices repères et d'œuvres publiques (La maison de la dette Marocaine, où siège actuellement la Délégation Régionale de Tourisme, construite en-1910, le grand théâtre Cervantès en 1913, le café de Paris en 1920, l’Hôtel el Menzah en 1928…).
Ce développement s’accélère, dans un deuxième temps, pour aboutir à l’ossature générale de la ville nouvelle et à sa structure caractérisée par une artère principale de 230m appelée boulevard Pasteur et une frange littorale longeant l’avenue d’Espagne où se situent les bâtiments de Renshhausen (Avenue d’Espagne).
Toutefois, ce patrimoine est menacé, de nos jours, de disparition à cause du rythme accéléré de l’urbanisation et l’impact du phénomène de la spéculation immobilière et de son état de dégradation inquiétant qui est dû à plusieurs facteurs intrinsèques et extrinsèques (usure et vieillissement, manque d’entretien, mauvaise occupation, travaux de construction et de réfection non intégrés…). Les pertes sont déjà considérables si on compte le nombre de bâtiments disparus ou défigurés dans les dernières décennies, et les tendances négatives sont toujours présentes dans la ville.
Pour pallier à ce processus de disparition et de détérioration, une série de mesures prioritaires de protection réglementaire ont été réalisées par l’Agence Urbaine de Tanger :
L’ancienneté de l’immeuble et son état de conservation. |
La valeur esthétique de l’immeuble. |
Le style et le cachet architectural de référence de l’immeuble. |
L’histoire liée au bâtiment. |
Les vues, les perspectives et les ordonnancements qui ont marqué et façonné l’imaginaire et la perception de la ville, aussi bien chez le tangérois que chez le visiteur. |
La protection juridique du patrimoine archéologique et architectural tangérois
Afin de fournir une base juridique forte et pérenne et de portée nationale qui puisse garantir
la protection du patrimoine archéologique et architectural de la ville de Tanger, en
remplacement de la mesure conservatoire décennale du plan d’aménagement, une procédure de
classement ou d’inscription comme monument historique national a été déclenchée par un comité
technique local constitué de la wilaya de Tanger, de l’Agence Urbaine de Tanger et de
l’Inspection des Monuments Historiques.
Les textes juridiques de référence pour cette procédure émanent de la loi 22. 80 qui concerne
les procédures de classement ou d’inscription des biens culturels allant du monument historique
et sites, aux inscriptions, aux objets d’art et d’antiquité présentant « pour le Maroc, un
intérêt historique, archéologique, anthropologique ou intéressant les sciences du passé et les
sciences humaines en général…».
L’opération de classement ou d’inscription à Tanger des sites et bâtiments d’intérêt historique et/ou architectural a démarré dés le début du XXème siècle pendant la période du régime international et a été interrompue pendant 53 ans pour ne reprendre qu’en 2004. Ainsi, le processus de protection juridique des sites et bâtiments patrimoniaux à Tanger peut être divisée en 2 périodes distinctes :
Au cours de la période du régime international, la ville de Tanger a connu entre 1934 et 1950 le classement des sites et monuments suivants :
Classement de la nécropole punico-romaine de Marshan ( loi du 24 Mars 1934 – B.O N° 102 du 15 avril 1934 - P. 174). |
Classement de certains édifices de la ville (médina) de Tanger ( loi du 30 août 1940– B.O N° 265 du 15 septembre 1940 –P. 522) : les murs et fortifications de la ville de Tanger, la grande mosquée, la mosquèe des Issawas, la porte de la marine, la fontaine de la rue Siaghine, la porte de Dar Niaba, le palais dit « York Castle », la tour de la rue Sania, la tour de la rue Amsrouk, la porte de Dar Baroud |
Classement de la perspective du Boulevard Pasteur et la perspective du Rocher de Sidi Amar (B.O N° 330 du 3 août 1947 P.435). |
Classement de la place de la Kasba de Tanger et ses environs (loi du 9 décembre 1947 – B.O N° 338 du 15 décembre 1947 .P. 543). |
Classement du site des grottes d’Hercule (loi du 30 décembre 1950– B.O.N° 415 du 15 janvier 1951 .P. 32). |
Au cours la période de l’indépendance entre 2004 et 2024, la ville de Tanger a connu le classement et l’inscription d’un nombre remarquable de bâtiments et sites :
Classement de l’Hôtel Villa de France à Tanger (décret du 12 octobre 2004. B.O. n° 5260 du 28 octobre 2004). |
Classement de 7 Bâtiments de l’Avenue d’Espagne à Tanger (décret du 18 mai 2006. B.O. n° 5428 du 8 juin 2006) : hôtel Continental, bâtiment Kursaal Français, bâtiment Renchaussen, bâtiment Estado Espagnol 14, hôtel Valencia, hôtel Excelsior et hôtel Cecil. |
Inscription du bâtiment Dox Monopolio à Tanger (arrêté du 13 septembre 2007. B.O. n° 5571 du 22 octobre 2007). |
Inscription de 19 bâtiments dans la ville de Tanger (arrêté du 13 septembre 2007. B.O. n° 5571 du 22 octobre 2007) |
: théâtre Cervantes, villa Msalla, villa Miramonte dite Mazal, villa Mabrouka, villa Bahia, ex-siège du journal « Diario Espagnol », Villa Rosas, immeuble Victoria 4, immeuble Maison des Arbres, immeuble wakrim Frères, villa Rosa, ex-consulat de Grande Bretagne, villa Harris, palais Moulay Hfid, bâtiment Dar Salaf, villa Welcome, villa Al Amana, immeuble « les sables d’olonnes », immeubles rue de Tétouan. |
Inscription du siège de l’institut Moulay el Mehdi à Tanger(arrêté du 27 avril 2009. B.O. n° 5748 du 2 juillet 2009). |
Inscription de 18 bâtiments dans la ville de Tanger (arrêté du 09 mars 2016. B.O. n° 6453 du 04 avril 2016) : Dar Niaba et la Légation américaine dans la médina, le bâtiment de la Mendoubia à la place 9 avril, Immeuble Amram, Immeuble Vienna, Ecole Oum Ayman, Immeuble rue d’Amérique Latine, Immeuble March 2 bis, Collège Berchet, Café Hafa, Villa n° 42, Phare Cap Spartel, hôtel Menzah, immeuble Lycée Regnault, cathédrale espagnole, Cinéma Maurétania, Eglise française sainte Jeanne D’arc et les arènes (placa de toros). |
Inscription de 27 bâtiments situés dans le secteur du boulevard Pasteur à Tanger(arrêtés du 06 juin 2016. B.O. n° 6922 du 29 septembre 2016) : immeuble Toledano 10, immeuble Toledano 11, immeuble Emilia II, immeuble Conchita, immeuble Bendrihem, immeuble Cabrera, immeuble Mesody, immeuble Flores, immeuble Casita, immeuble Belle vue, immeuble Propriedad Gimenez III, immeuble Marengo, immeuble Rebecca, immeuble Delacroix, immeuble Hôtel Velazquez Palace, immeuble Vilasa I, immeuble Vilasa II, immeuble Mary, immeuble Ben Ayyad, immeuble Nardo, immeuble Ellis III, immeuble Villa SMD, immeuble Parres Puig, immeuble Aerobella, immeuble Mag, immeuble Mercedes, immeuble Valergues. |
Inscription de 21 bâtiments situés dans le secteur du boulevard Pasteur à Tanger (arrêtés du 14 juillet 2017. B.O. n° 6598 du 24 août 2017) : immeuble Goya, immeuble Mary Angèle, immeuble Simy, immeuble Mayon, immeuble Emilia VII, immeuble Ellis 3, immeuble Zaharat, immeuble Massiia, immeuble Layla, immeuble Guadalope 1, immeuble Azucena, immeuble Tétouan III, immeuble Bensheton I, immeuble Nelly 1, immeuble Lucette, immeuble Mozi, immeuble Azucena lot B, immeuble Almagro, immeuble Garen, immeuble Commercial et immeuble Rambrandt. |
Inscription de 9 bâtiments situés donnant sur la rue Salah Din Al Ayyoubi à Tanger (arrêtés du 14 juillet 2017. B.O. n° 6598 du 24 août 2017) : immeuble Restintica 9 (n°98), immeuble Restintica 9, immeuble Penia 3 (n°96) , immeuble Penia 1 (n°106), immeuble Contasa 2 (n°63), immeuble Contasa 2 (n°65), immeuble Villa Mimi Calpe (n°71), immeuble Rayda (Pension Miami), immeuble Pension Madrid. |
Inscription du golf de Tanger (arrêté du 27 novembre 2017. B.O. n° 6635 du 01 janvier 2018). |
Inscription de la Kasba de Ghaylan à Tanger (arrêté du 21 décembre 2017. B.O. n° 6635 du 01 janvier 2018). |
Classement du site archéologique de Zilil à la commune de Had El Gharbia (aDécret du 05 septembre 2018. B.O. n° 6710 du 20 septembre 2018). |
Inscription du site archéologique Aqwass Briech à la commune de Briech (arrêté du 04 mai 2023. B.O. n° 7211 du 10 juillet 2023). |
Inscription de villa Agoumi et du cimetière des animaux à Tanger (arrêté du 02 janvier 2024. B.O. n° 7279 du 04 mars 2024). |
Inscription du camp romain Al Bonian à la commune de Jouamaa (arrêté du 02 janvier 2024. B.O. n° 7279 du 04 mars 2024). |
Inscription de la kasba de Sayoufa à la commune de Jouamaa (arrêté du 02 janvier 2024. B.O. n° 7279 du 04 mars 2024). |
Inscription du site archéologique le camp romain de Tabernae à la commune de Sahel Chamali (arrêté du 22 février 2024. B.O. n° 7287 du 01 avril 2024). |
Les bâtiments et sites classés ou inscrits comme monuments historiques à Tanger depuis 1934 jusqu’à 2024 sont au nombre de 126. Toutefois, il importe de signaler que le nombre de 15 bâtiments et sites classés à l’époque du régime international est resté inchangé pendant 54 ans jusqu’à 2004 avec le classement de l’hôtel Villa de France. A partir de cette année, le rythme de classement et d’inscription a remarquablement progressé grâce aux efforts continus de la commission tripartite composée de la Wilaya, de l’Agence Urbaine de Tanger et de l’Inspection des Monuments Historiques en plus de l’intérêt affiché par des associations pour la protection du patrimoine culturel local pour arriver au terme de 2024 au nombre de 126 bâtiments et sites classés ou inscrits. Le processus de protection juridique du patrimoine archéologique et architectural de la ville de Tanger se poursuit toujours et une nouvelle liste de bâtiments à inscrire sur la liste du patrimoine national est en cours de préparation.
Les sites archéologiques sont une ressource publique fragile et non renouvelable. Ils sont les traces matérielles du passé qui permettent une meilleure connaissance des différentes périodes de l’histoire de la ville, renseignent sur les développements politique, socio-économique et culturel de la société et constituent un potentiel touristique considérable.
Les prospections et les fouilles archéologiques réalisées dans le territoire de la ville de Tanger et de ses littoraux depuis la première moitié du siècle dernier ont permis la mise à jour d'un nombre impressionnant de sites datant des différentes civilisations (préhistorique, phénicienne, romaine et islamique).
Les vestiges apparents de nos jours tels que les grottes d'Achakkar et le site de Cotta au Cap Spartel, les nécropoles punico-romaines de Merchan et de la rue Ibn al Abbar, l’arsenal de Tanger dit « kasba de Ghaylan », le camp militaire romain El Bonian sur la rue de Tétouan, la kasba de Sayoufa dans le douar de sayoufa à côté de Hakama, le site archéologique de ksar Sghir, l'atelier de céramique romain d'El Kouass à Briech, la cité romaine de Zilil à Had el Gharbia à proximité de la ville d'Assilah, ne représentent qu'une infime partie d'un trésor beaucoup plus riche qui jalonne tout le territoire de Tanger.
Les Grottes sont situées sur le massif de Cap Spartel, au large de la côte atlantique. Elles constituent incontestablement la première destination touristique à Tanger et le site le plus visité en raison de sa beauté naturelle, de sa charge mythologique et de sa valeur patrimoniale considérable.
Cette valeur est attestée par des témoins archéologiques importants, datant notamment de l’époque néolithique, mis au jour au cours des fouilles dont les grottes ont fait l’objet depuis leur découverte en 1878. Les grottes et leur environnement immédiat ont été classés comme site historique et pittoresque depuis le 30 décembre 1950.
Sur la rive droite de l’Oued Zitoun, à 150 m de l’estuaire, se situe un réseau de cavités, partiellement comblé de sédiments, s’ouvrant vers le sud appelés les grottes d’El Khil.
Les grottes El Khil A, El Khil B et El Khil C, constituant ce réseau, ont été signalées dès la fin du XIXème siècle. Les fouilles entreprises dès 1947 par la mission américaine et en 1958 et 1984 par la mission française ont livré un matériel archéologique appartenant notamment à l’époque néolithique (la céramique cardiale et une figurine féminine en terre cuite). Les collections sont conservées au Peabody musuem de l’université de Cambridge aux Etats Unis et au musée archéologique de Tanger.
Situé à environ 15 km à sud de la ville moderne de Tanger, ce site archéologique, s'étend sur le flanc d'une colline aux pieds de la montagne "Jebel Dahar Zhirou", dans une région fertile où coule le fleuve Mehardad avec ses affluents. Les fouilles ont révélé des traces d'une nécropole mégalithique d'époque phénico-punique, composée de 84 tombes, dont 77 de type "à caisse", généralement de forme rectangulaire et trapézoïdale, 2 sarcophages et 5 tombes construites par assemblage de blocs bien coupés
Les dimensions des tombes sont très différentes en longueur et en largeur : de 1 à 2 mètres pour les plus grands exemplaires, et de 20 à 30 centimètres pour les plus modestes. La profondeur varie, cependant, de 10 à 80 centimètres.
Le mobilier funéraire découvert se compose essentiellement de céramiques et d'objets métalliques ordinaires et typiques de l'époque, à l'exception des bijoux réalisés aussi bien en or qu'argent selon les traditions artisanales clairement empruntées à la civilisation phénicienne. Compte tenu de l'absence de lampes, de statues puniques et de céramiques grecques du V-IVéme siècle avant J.-C. et de la rareté des vases attiques, la typologie des tombes et la manufacture des pièces métalliques découvertes font pencher pour une datation comprise entre le VIIe et les débuts du Véme siècle avant J.-C.
A quelques kilomètres à peine de Jorf Al Hamra, au pied de Ras Achakar près des grottes d'Hercule, se trouve le site de Cotta considéré comme le plus vaste ensemble architectural dégagé dans la région de Tanger. Son existence s’étend du IIéme siècle avant j.c, jusqu’à la fin du IIIème siècle après j.c.
C’est un établissement industriel de salaison de poisson et de fabrication de garum (huile de poisson) qui faisait partie d’un large consortium groupant plusieurs usines d’Andalousie et du Nord du Maroc. Les premières fouilles y ont été effectuées par C. de Montalban, mais c'est à M. Ponsich que revient le mérite d'avoir dégagé ces ruines et d'avoir apporté des précisions quant à leur chronologie.
Les sondages pratiqués dès 1959 à l'extérieur de l'usine ont fourni un matériel qui permet d'affirmer que le
site était occupé dès les III-IIème siècle av. J.-C. Le site de Cotta représente un point stratégique pour une
navigation de cabotage et il a été le nucleus d'une installation humaine depuis l'époque préhistorique. Il se
présente sous forme d’un complexe industriel composé essentiellement d’ateliers de salaisons de poissons et de
production de Garum. Il est constitué d’un grand nombre de bassins dont la profondeur atteint 2m. Sous les
règnes du roi Juba II et de son fils Ptolémée, cette activité prendra de l’ampleur permettant ainsi
l’apparition d’autres industries en parallèle notamment l’extraction du sel et du pourpre.
Le site de Cotta renferme une usine de salaison d'époque romaine qui est considérée parmi les établissements
les plus conservés en Méditerranée occidentale. Actuellement le site est formé de plusieurs constructions dont
les plus importantes sont l’atelier de salaisons, les thermes, des édifices à galeries et un temple.
La nécropole de Mershan, dénommée « glissoirs du Marshan » est classée monument historique le 15 Février 1934. Elle est située au Nord-est de Tanger, à 450 m des remparts de la médina sur le plateau rocheux de Mershan formant un à pic de 15 m sur la mer. Quatre-vingt-dix-huit (98) tombes ont été exhumées, dont plus de cinquante (50) taillées en caisson dans le roc du plateau de Merchan.
Cette nécropole a fourni peu de matériel datable, mais en somme nous sommes en présence d’un site archéologique où furent exhumés des objets de tradition punique ou néo-punique, avec un matériel romain de plusieurs époques.
Le site de Kouass est situé sur la rive droite de l'oued Gharifa, à environ 25 Km au sud de Tanger, et à quelques kilomètres au nord d'Assilah. La position géographique et topographique de Ras Kouass explique, sans doute, les raisons du choix de cet emplacement dans l'antiquité. La présence du fleuve Gharifa, la proximité d'un port naturel, la présence de terres fertiles et de carrières d'argile ont permis et facilité, certainement, l'installation humaine sur le site de Kouass.
Les fouilles effectuées sur le site ont permis de dégager plusieurs fours de potiers d’époque préromaine qui ont produit des amphores et des céramiques durant une longue période allant du VIème au Ier siècle av. J.-C. Outre les ateliers de potiers, M. Ponsich a reconnu une construction à caractère défensif qui se rapproche, du point de vue technique de construction des bâtiments pré-romains de Tamuda et de Lixus, des usines de salaisons datées de l'époque impériale (I-IIème siècle. ap. J.-C.), un aqueduc et une citerne.
Le site de Dchar Jdid est situé à 13 Km au nord-est de la ville d'Asilah et à l’est du village de Had el Gharbia. Il occupe, avec les bâtiments suburbains, une superficie de 32ha, à l'extrémité d'une avancée orientée est - ouest d’un plateau, qui, à l'ouest, descend doucement vers la plaine côtière. En 1977, une équipe maroco-française a repris la recherche archéologique sur le site. Les fouilles entreprises sur « la citadelle » entre 1977 et 1980 ont confirmé l'idée d'une occupation du site à l'époque préromaine (fin du IIème siècle av. J.-C. et troisième quart du Ier siècle av. J.-C.).
Entre 33 et 25 av. J.-C., la ville fut détruite et l’empereur Auguste y installa une des trois colonies
romaines de Maurétanie occidentale, Iulia Constantia Zilil. Les fouilles entreprises sur le site ont permis de
dégager des quartiers d’habitation, un grand temple, un ensemble thermal, une imposante citerne à quatre
compartiments, alimentée par un aqueduc en partie souterrain, sera construite pour l'alimenter en eau,
postérieurement à Hadrien. Enfin, dans la seconde moitié du IIème siècle, comme d'autres cités de la
Tingitane, Zilil se dote d'une enceinte, fouillée partiellement près des portes nord et ouest, mais repérée
sur la majorité de son tracé grâce à la prospection électrique.
La ville a été détruite, à un moment archéologiquement indéterminé, entre 238 et le milieu du IVème siècle.
L'étude des monnaies issues des fouilles de Dchar Jdid montre que la reconstruction de la ville résulte d'une
décision impériale et peut être datée assez précisément des années 355-360 ap. J.-C. La création la plus
spectaculaire est celle d'une église paléochrétienne, à trois nefs, pourvue d'un baptistère et de diverses
annexes, près de la porte ouest de l'enceinte, unique monument de cette catégorie dégagé en Maurétanie
Tingitane. La ville fut détruite au début du Vème siècle. mais la date de l’arrêt définitif de l’occupation du
site n’est pas encore déterminée.
Le site d’El Benian est situé sur la route de Tétouan à 22 km à l'Est de la ville de Tanger. C’est un camp militaire romain, dont les vestiges ont été découverts en 1876 par l’archéologue français Charles Tissot, construit à la fin du IIIème siècle après J.C. pour renforcer une ligne de défense composée des camps de Ghandori, de Tamuda et de Souiar destinée à protéger la ville de Tingis (Tanger romaine) et sa région contre les attaques de la population autochtone.
Des fouilles archéologiques récentes (2009) ont fait état de la découverte d'objets de poteries remontant au 1er siècle après J-C. Cette trouvaille laisse supposer que le site d’El Benian a été occupé à la date suscitée avant d'être transformé en un camp militaire au IIIème siècle après J-C.
A 22 km au sud-ouest de Tanger, au pied du plateau de Charf Laakab et en bordure de la lagune de Tahaddart, existe le site de Ayn al Hammam près d’une source du même nom. Ces thermes, se présentant sous forme de deux corps de bâtiments distincts, ont été fouillés en 1910, 1958 et 1960.
Leur isolement en rase compagne tangéroise ne manqua d’exciter la curiosité des historiens et archéologues dont certains voient une station thermale fréquentée par les habitants de la région et d’autres un établissement placé dans la périphérie d’une cité ancienne.
La ville médiévale de Ksar Seghir faisant partie du « Cercle du Détroit du Gibraltar », constitue actuellement l’un des sites archéologiques majeurs du Maroc et l’un des plus prestigieux du pourtour méditerranéen.
L'occupation médiévale du site fut précédée par une présence humaine attestée dans son territoire immédiat
et ce dès l'antiquité voire même à partir des temps préhistoriques.
Le site antique de Dhar Asekfane (VIème siècle avant J.C. – IVème siècle après J.C), situé à environ 500 m
au sud de ville médiévale de Ksar Seghir, demeure jusqu’à présent le témoin le plus élucidant de
l'occupation antique dans la région de Ksar Seghir.
Le site médiévale de Ksar Seghir fait environ 2,5 hectares de superficie et se compose de deux unités
monumentales et urbaines : La ville islamique et la citadelle portugaise.
La ville islamique est inscrite dans une enceinte circulaire de 200 m de diamètre lui conférant son
originalité planimétrique et urbaine aussi bien au Maroc qu'en Occident musulman.
Nos informations sur le site pendant le Haut Moyen-Age sont très sobres. Il fut mentionné tout d'abord au Xème
siècle par Marsa Bab al Yem (mouillage de la porte de la mer) après avoir été occupé par un Ribat. Sous les
Idrissides, il faisait partie de la principauté d’al-Kacem Ibn Idris II. En 971, les Omeyyades d'al-Andalous
tentèrent de s’en approprier suite à une expédition ordonnée par le calife al-Hakam al-Moustansir. Au XIème
siècle, il est cité sous le nom de Kasr al-Majaz (château de la traversée), de Madinat al-Yam (la ville de la
mer) ou al Kasr al-Awal (le premier château).
Au même siècle, le site connu également par Kasr Masmouda, fut utilisé comme base de départ par l'Emir
almoravide Youssef Ibn Tachfin lors de sa deuxième traversée vers al-Andalous en 481 de l'Hégire.
Sous le règne des califes Almohades, notamment Abd al-Moumen et Yaakoub al Mansour, Ksar Seghir devint un
grand chantier de construction navale et fut le port le plus en usage dans les passages vers al-Andalous.
Les sultans Mérinides, Yaakoub Ibn Abd al-Hak, Youssef Ibn Yaakoub et autres s’en servirent également dans
leurs traversées vers al-Andalous.
En 686H/1287, le sultan mérinide Youssef Ibn Abd al Hak fortifia la ville de Ksar Seghir en la dotant d’une
enceinte circulaire et de portes monumentales.
A partir de la deuxième moitié du XVème siècle, la ville subit un nouveau sort avec le débarquement en 1458
des forces portugaises sous le règne d'Alphonse V. Après leur évacuation en 1550, au temps de Jean III, le
site servit au début du XVIIème siècle de port pour accueillir la population morisque refoulée d’al-Andalous.
Avec l’occupation lusitanienne, la ville islamique a subi des transformations multiples qui ont touché des
édifices publics et religieux, mais elle a surtout connu l’implantation d’un système défensif étrange à
l’architecture islamique : il s’agit de la citadelle et sa fameuse Couraça.
Les vestiges de ce monument se situent sur la route de Malabata, sur la rive gauche de l’oued al Chat à environ 2,5 km de l’ancienne Médina. Ils sont limités au nord par le Boulevard Mohamed VI reliant Tanger-ville à Malabata, au sud par le quartier Tanja al-Balya, à l’est par un paysage lacustre et à l’ouest par la résidence estivale de Bank al-Magrib.
Le monument est une réalisation architecturale qui remonterait au XIVème siècle, pendant le règne de la dynastie mérinide. Il s’agirait d’un chantier naval, une Dar Sina’at soufoun, qui existait à Tanger depuis au moins le XIème siècle.
Le monument présente deux remparts avec des dimensions importantes évoquant une forteresse de taille
monumentale. Le rempart Est présente un chemin de ronde, cinq tours de forme carrée dont la plupart sont en
état de ruine et deux autres tours de dimensions plus importantes aux extrémités Nord-Est et Sud-Est. On
accède à la forteresse par deux portes percées dans le rempart Nord et défendues de part et d’autre par des
tours barlongues. Faute de recherches archéologiques approfondies, on ignore jusqu’ici la localisation exacte
des remparts Sud et Ouest.
D’après la description, le monument semble doté des principaux éléments de défense (tours de forme
rectangulaire, porte monumentale défendue par des tours et chemin de ronde) qui lui confèrent un rôle
militaire. Cependant, son emplacement topographique dans un paysage lacustre et fluvial non loin de la mer,
justifie amplement sa fonction de chantier naval.
La kasba de Sayyoufa se situe au sud du douar de même nom appartenant à la commune de Jouamaa dépendant du territoire de la Province Fahs Anjra. Perché sur un piton rocheux de la montagne de « Zinat » sur une altitude de près de 300m, elle est accessible depuis la route nationale n°2 menant à Tétouan à travers une piste de 2,5 km distante de près de 900m du centre de « Hakkama ».
La position stratégique du site permet le contrôle de la vallée s’étendant des côtés sud et ouest et dont le barrage « Ibn Batouta », construit sur l’oued « Sania », occupe une partie importante. Ce site domine également la plaine allant jusqu’à oued Tahaddart, la route tertiaire reliant Tanger à Dar Chaoui et la route principale reliant Tanger à Tétouan.
La population locale désigne la colline qui abrite le site par l’appellation « loutea » ou terrain plat et les
structures archéologiques par l’appellation « ksiba » ou « kasba ».
La forteresse dans son état actuel se compose d’une enceinte en forme de pentagone irrégulier épousant la
topographie du terrain, pourvue de chemin de ronde et de parapet et renforcée de tours de forme carrée dont
certaines sont effondrées et d’autres ne sont qu’un amas de pierres. Les matériaux de construction sont des
moellons de dimensions dégrossis liaisonnés avec un mortier de chaux.
Etant donné sa situation imprenable, ce site faisait certainement partie du réseau de forteresses islamiques
construites sur des sites stratégiques tout le long des itinéraires et des routes.
La forteresse d’Agla est située à près de 5 km à l’ouest de la ville de Tanger et au sud-est de la forêt de Perdicaris. Depuis le mirador de Perdicaris nommé localement « terrassa », sis à quelques centaines de mètres en contrebas du centre de Rmilat, on peut accéder au site de cette forteresse par un chemin signeux d’environ 500m à travers la forêt.
C’est un monument en état de ruine couvert dans sa plus grande partie par une végétation dense qui laisse apparaître sa silhouette générale. Le monument épouse la forme d’un carré de taille moyenne (40,5 m sur 40,5 m). Il est doté de quatre tours d’angle de plan carré faisant 4m sur 4m. Des témoins de la porte d’accès à la Kasba sont toujours visibles du côté nord et les vestiges d’escaliers menant au niveau supérieur sont présents au niveau de la tour nord-est.
L’appareillage des murs est fait d’un lit de moellons dégrossis alternant avec une arase de briques ou de
moellons de petites dimensions et le chaînage d’angle des tours est fait d’une alternance de carreau et de
boutisses. Les murs, inégalement conservés en hauteur et dont le plus haut n'atteigne ne dépasse pas 2 m, sont
badigeonnés par un enduit à base de chaux. L’intérieur de la Kasba ne conserve pas de restes de constructions
anciennes identifiables.
La forteresse d'Agla pose dans l’état actuel de la recherche un problème de datation faute d’étude détaillée
de ses composantes architecturales, de recherches élargies sur les textes historiques et de prospection
archéologique dans les environs immédiats du bâtiment.
Grâce à sa situation géographique stratégique et à son potentiel naturel remarquable, la ville de Tanger jouit d’un patrimoine archéologique et architectural riche et varié qui constitue un héritage civilisationnel inestimable, un témoignage matériel d’une identité culturelle propre basée sur le substrat local et enrichie d’apports méditerranéens et le resulat d’un long processus d’urbanisation qu’a connu la ville à traves son histoire. Ce patrimoine qui représente une partie importante du paysage urbain actuel, se décline en trois grandes entités:
Le patrimoine archéologique
Le patrimoine archéologique répartis dans tout le territoire de Tanger et jalousement enfouis dans son sol, date des différentes civilisations (préhistorique, phénicienne, romaine et maroco-islamique, …) qui se sont succédées sur la ville. Les Grottes préhistoriques et le site romain de Cotta à Achakkar, les nécropoles protohistoriques d’El Mers et d’El Mriés et de Dalia Kbira, les nécropoles romaines de Merchan, le camp militaire romain d’El Benian sur la route de Tétouan, l’ancien arsenal médiéval de Tanger dit « kasba de ghaylan » à Malabata, ne représentent que des témoins d’un trésor beaucoup plus important ensevelis dans les différentes zones de la ville.
La médina
La médina est le premier noyau de la ville de Tanger. Elle constitue un tissu urbain spécifique qui abrite des monuments remarquables datant d’époques historiques multiples allant de l’époque romaine, de la premiére époque islamique avec l’arrivée de la civilisation islamique au Maroc et les dynasties marocaines (idrisside, almoravide, almohade, mérinide et saadienne), de l’époque portugaise, de l’époque anglaise et de la deuxième époque islamique avec la récupération de la ville sous la dynastie alaouide à la fin du XVIIème siècle. Pendant cette dynastie, la médina de Tanger a repris son rôle militaire et diplomatique, a récupéré son activité commerciale en tant que porte de la méditerranée et a connu un développement urbain et un épanouissement social considérables. Au début du XXème siècle, la médina de Tanger a connu des mutations remarquables au niveau social et architectural avec l’établissement du régime international et la ville nouvelle d’aspect européen a fait dès lors son apparition grâce à une expansion urbaine extra-muros déjà initiée dès la fin du XIXème siècle.
Le patrimoine architectural
Le patrimoine architectural contemporain de la ville de Tanger reflète la richesse des formes et des compositions prévalant durant la période s'étendant entre la fin du XIXème et le début du XXème siècles et traduit le caractère cosmopolite de la ville résultat de la coexistence de plusieurs cultures et plusieurs nationalités dans un même espace. Ce patrimoine est le fruit d’une évolution urbaine extra-muros qui a donné naissance à une variété de styles architecturaux de référence occidentale, allant de l’art nouveau, à l’art hispano-mauresque, à l’art-déco et à l’art moderne comme en témoignent encore aujourd’hui certains édifices tels le théâtre Cervantès, les bâtiments Renshhaussen, les bâtiments de la rue d’Italie et du boulevard Pasteur, le bâtiment de la Dette Marocaine, l’hôtel El Menzah, le consulat de France, …etc.
De nos jours, cet héritage, mémoire du temps passé et jalons de l'identité locale, est soumis aux risques de disparition et de dévalorisation en raison du rythme accéléré de l’urbanisation et de l’impact du phénomène de la spéculation immobilière et ses spécificités patrimoniales sont menacées de dégradation et/ou de défiguration à cause de deux types de facteurs :
Les pertes sont déjà importantes si on compte le nombre de bâtiments ou sites disparus ou défigurés dans les dernières décennies, et les tendances négatives, même si leur intensité a largement diminué de nos jours, sont toujours présentes dans la ville.
Il est donc primordial d’œuvrer tous et en urgence pour la protection et la sauvegarde de ce patrimoine qui constitue la mémoire collective de la ville, fait partie intégrante de la vie moderne et représente un potentiel énorme de développement pour le présent et pour l'avenir. Dans ce sens, des efforts considérables et louables sont déployés par les pouvoirs publiques de la ville en application des instructions royales pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel local à travers trois initiatives majeures :
La position géographique stratégique de la médina de Tanger a toujours été une source d’attraction des différentes civilisations qui se sont succédé sur le bassin méditerranéen depuis le VIIème siècle av.jc. En l’an 38 av. J-C, la ville de Tanger, devenue Tingis, est élevée au rang de colonie romaine.
Au début du IXème siècle, Tanger intègre l'émirat Idrisside et reste sous la domination andalouse jusqu'au début du XIème siècle puis comme le reste du Maroc elle connaît le passage des dynasties almoravide, almohade et mérinide au cours desquelles elle amorce un véritable âge d'or. Après trois tentatives la médina fût soumise en 1471 à la domination portugaise et espagnole avant de tomber sous l’emprise anglaise en 1662 et de revenir à la souveraineté marocaine sous le règne du sultan Mly Ismail en 1684.
Après sa libération, la médina de Tanger a repris son rôle militaire, diplomatique et commercial en tant que porte de la méditerranée au XVIIème siècle lors du règne du sultan sidi Mohamed Ben Abdellah. Par la suite et notamment durant la première moitié du XXéme siècle sous le régime international, la ville a connu un développement urbain considérable qui a donné naissance à plusieurs constructions de style européen (églises, synagogues, consulats et demeures de personnalités diplomatiques ou de citoyens étrangers) symboles d’une cohabitation exemplaire de nationalités et de religions différentes et d’un brassage remarquable de cultures.
Le 10 avril 1947, le sultan Mohammed V prononce à la place 9 avril le premier discours qui fait référence à un Maroc unifié et indépendant rattaché à la nation arabe. En 1956, avec l'indépendance du Maroc, la conférence de Fedala (8 au 29 octobre) rend Tanger au Maroc.
La médina s’étend sur 26 ha et s’entoure de remparts de 2200m. Une grande partie des remparts actuels date de l’époque portugaise (1471-1661).
Cependant plusieurs tronçons ont été reconstruits ou restaurés à l’époque anglaise (1661-1684) et l’époque alaouite qui a connu la construction de quelques fortifications aux XVIII et XIXème siècles. Son tissu urbain est homogène, de morphologie compacte et densifié, caractérisé par une forte occupation au sol (2508 battisses réparties sur 26 ha soit 96 battisses/ha) et un réseau viaire exigu, hiérarchisé, essentiellement piéton et à ramification irrégulière. La surface habitable ne dépasse pas 30m² pour 47% des maisons, 50m² pour 72% des maisons et 80m² pour 88% des maisons.
Le taux des locataires est de 60% et celui des propriétaires ne dépasse pas 40%. La propriété privée dépasse 80% et le reste est réparti entre propriété des Habous et domaine de l’état.
Consciente des multiples mutations subies par la médina de Tanger et des différents aspects de dégradation dont elle fait l’objet, l’Agence urbaine de Tanger a suivi l’élaboration du plan d ‘aménagement et de sauvegarde de cet espace historique, lancé par le ministère de tutelle, dans le but d’élaborer une stratégie d’intervention intégrant trois composantes essentielles : humaines, spatiales et patrimoniales.
Toutefois, cette étude, n’ayant pas abouti dans sa phase d’homologation, a été intégrée dans le plan d’aménagement de la ville de Tanger en cours de réalisation. Le périmètre de sauvegarde de la médina, délimité sur le plan d’aménagement, concerne le territoire intégral intra-muros et sa périphérie.
Il a pour objet la définition des éléments de base de la structure de sauvegarde de la médina et de son territoire, le classement du sol et l’établissement de son régime juridique et la mise en place d’une réglementation spécifique pour son développement et sa gestion.
Afin de préserver l’identité et les caractères urbanistiques du tissu historique de la médina, les dispositions suivantes ont été prises :
En application des orientations royales concernant la sauvegarde de l’héritage culturel des médinas marocaines et dans le but de préserver le patrimoine architectural de la médina de Tanger, de valoriser son potentiel patrimonial, de perpétuer son caractère authentique, de participer à la réorganisation et au développement de ses activités économiques et promouvoir ses activités touristiques, un programme de réhabilitation et de valorisation de ce tissu historique a été élaboré par la wilaya de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l’Agence Urbaine de Tanger et les représentations des différents départements ministériels.
Ce programme, en cours de réalisation, se décline en 5 axes principaux :